23 janvier 2023 Luttes sociales

Émile Pouget, militant anarchiste syndicaliste révolutionnaire co-fondateur de la CGT, expliquait qu'une grève fait partie de la « gymnastique révolutionnaire », pratique et théorie se confondant dans la perspective d'une grève générale se substituant à une révolution politique par le haut. L'amorce d'un fort mouvement sur les retraites entre-t-il dans ce cadre ?
Nous demanderons l'avis de notre invité, Christian Mahieux, ancien cheminot ayant eu des responsabilités à la fédération Sud-Rail.

Il est l'auteur du récent ouvrage Désobéissances ferroviaires qui recense diverses actions entrant dans ce qu'évoquait Émile Pouget en 1911 dans Le Sabotage, manuel recensant les méthodes pour enrayer la machine de production.
Ces actes de résistance ont été exécutés à l'occasion d'événements dans lesquels les cheminots ont été très présents : grandes grèves du rail de 1910 et 1947, participation à la Résistance pendant la dernière guerre mondiale, voies occupées et trains bloqués pendant la guerre d'Algérie pour s'opposer au départ d'appelés ou protester contre les expulsions d'Algériens.
Des secteurs particuliers, dans des mouvements souvent issus de la base, ont pratiqué le sabotage sous diverses formes, adaptées à leur travail : « grève de la pince » pour les contrôleurs, « grève de l'astreinte » pour le personnel de maintenance, « grève des réservations » pour les agents commerciaux.
Ces initiatives collectives enrayent ponctuellement le désordre imposé par le capitalisme et allument l'espoir de lui substituer une autre société, qu'Élisée Reclus évoquait ainsi en 1895 : « L'anarchie est la plus haute expression de l'ordre ».