15 mai 2023 Liberthèmes

« L'État, la propriété privée et la religion ne sont pas des institutions naturelles mais le produit d'une histoire » est une phrase du récent ouvrage Le Sauvage et le Politique dont l'auteur, Édouard Jourdain notre invité, est connu pour ses travaux sur Joseph Proudhon, sur l'histoire de l'anarchisme et sur la dynamique des « communs ».
Ce livre de théorie politique traite de l'anthropologie, à partir notamment des écrits de Pierre Clastres, Marshall Sahlins, James C. Scott, David Graeber et de notre compagnon Charles Macdonald. Il s'agit de « sélectionner de manière critique dans les traditions des peuples autochtones des éléments susceptibles d'ouvrir des brèches vers d'autres futurs ».
À l'origine « le sauvage » vivait dans une société sans classe sociale, sans propriété, sans État : Pierre Clastres parlait de société contre l'État. Quels sont les brèches qui ont amené l'émergence d'un appareil coercitif séparé de la société ?
Comment le « chef », chargé des références ancestrales, s'est-il transformé en roi sacré puis en roi divin ?
Comment les chamanes, médiateurs entre le visible et les puissances invisibles, se sont-il transformés en prophètes puis en prêtres ?
Comment les guerres ont-elles conduit à l'autonomisation des guerriers et à la création d'un appareil militaire ?
Ces questions, parmi d'autres, sont abordées de façon dialectique, l'histoire n'étant pas une évolution linéaire et inéluctable guidée par les seuls changements économiques, les choix politiques ayant un rôle essentiel pour expliquer l'éventail d'organisations sociales pratiquées par les différents peuples.
Pour Édouard Jourdain, c'est « le politique » qui est le moteur de l'histoire.
Le dernier chapitre, « De la démocratie sauvage », explore les brèches de liberté collective qui ont ébranlé nos sociétés modernes, tels les pirates, la Commune de Paris ou la révolution espagnole.
La démocratie directe, le fédéralisme libertaire et les communs pourraient-ils « ensauvager » la société capitaliste dominante ?