13 novembre 2023 Liberthèmes

Nous recevons aujourd'hui Roland Nurier pour son film Yallah Gaza, en salle depuis le mercredi 8 novembre dernier. Yallah Gaza est son second film, après Le Char et l’Olivier (2018). Nul doute que le réalisateur aurait préféré une période plus sereine pour présenter son film.
Avec Le Char et l’Olivier, Roland Nurier s’employait à apporter un éclairage documenté sur l’histoire de la Palestine et à expliquer les origines d’une guerre qui dure depuis 75 ans. Apprendre du passé pour comprendre le présent ! C’est un peu la même devise qui l'incite à consacrer un film à Gaza. Car si l’enclave fait bien partie de la Palestine historique, elle s’en distingue par bien des singularités. Roland Nurier nous fait le portrait de ce territoire particulier, à rebours, ou plutôt à distance des clichés véhiculés par les médias dominants. Un éclairage nécessaire et utile en ces temps de pensée unique.
Historiens, journalistes ou chercheurs, comme Jean Pierre Filiu, Sylvain Cypel, Leila Seurat ou le Gazoui Gassan Wishah se succèdent pour rappeler les grandes dates de l’histoire de Gaza. Les activistes israéliens se relaient avec les Gazaouis pour dénoncer les conditions de vie qui sont faites à ce territoire sous blocus depuis 17 ans.
Roland Nurier n’a pas été autorisé à se rendre à Gaza, mais il a pu compter sur l’appui de Iyad Alasttal, réalisateur gazaoui - auteur des Gaza Stories visibles sur internet -, qui a pris en charge les tournages réalisés dans l’enclave. Yallah Gaza montre une population vivante, cultivée, bien éloignée de l’image de terroristes assoiffés de sang véhiculée par des médias qui s'interdisent de réfléchir.
Dans cette émission, enregistrée vendredi 10 novembre, Roland Nurier évoque avec émotion les nombreux personnages qui apparaissent dans son film, et dont il est parfois sans nouvelle depuis plusieurs jours. Agriculteurs, pêcheurs, enseignants ou danseurs de Dabké vivent une vie presque normale où la guerre s’invite sans crier gare : explosion dans une ruelle brutalement envahie de poussière. Des participants aux marches du retour (2018) se font tirer par les snipers de l’armée de défense israélienne avec des balles explosives, munitions interdites, crimes de guerre... On retrouve ces mêmes jeunes gens, amputés d’un membre, sans même une prothèse. Ils jouent au foot appuyés sur une béquille, ou se jettent à l’eau du haut d’un rocher.
À Gaza, on sait depuis longtemps, comme le disent tour à tour les protagoniste du film, que « Les droits ne sont pas donnés. Ils s’acquièrent par la lutte ».