20 novembre 2023 Luttes sociales

« Un esprit libre, une pensée libertaire et un homme profondément humaniste » : Raymond Patoux est ainsi décrit par sa fille Séverine.
Né à Angers en 1913, il entre dans la vie active dès l'âge de 12 ans. Jeune militant au Parti socialiste, il le quitte rapidement quand le gouvernement Blum refuse d'aider la révolution espagnole au nom de la non-intervention. Pendant l'occupation, il entre dans la Résistance où il est très actif, notamment dans le réseau Libération Nord. En août 1944, il devient secrétaire provisoire de l'Union départementale de la CGT Maine-et-Loire. Il est de ceux qui s'opposent à la tentative de main-mise stalinienne sur la Confédération, ce qui lui vaudra d'être régulièrement attaqué, parfois avec haine. Il s'appuie sur la Charte d'Amiens (1906), référence du syndicalisme révolutionnaire auquel il restera fidèle au cours des 46 ans de sa vie de militant syndicaliste.
La coexistence avec les communistes, qui ont comme mot d'ordre « Travailler - Produire » et affirment que « la grève est l'arme des trusts », devient vite impossible. La scission devient effective le 19 décembre 1947 et conduit à la création de la CGT-Force Ouvrière en avril 1948, regroupant partisans du syndicaliste réformiste et syndicalistes révolutionnaires.
Sa fiche dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier (Le Maitron) présente ses multiples activités pour aider au développement de cette nouvelle organisation syndicale, d'abord dans le Maine-et-Loire, puis en région parisienne, en Seine-Maritime, dans le Loiret. Ses dernières responsabilités dans ce département sont celles de l'Union des retraités en 1990. Il décède en novembre 2011, à l'âge de 98 ans.
Ses investissements militants dans ces diverses Unions départementales interprofessionnelles étaient de tous ordres : soutien aux grèves et occupations, création de sections syndicales et de syndicats professionnels, mais aussi initiatives d'association directe producteurs-consommateurs, aide à la construction de logements sociaux, solidarité internationale (Espagne, Algérie, Pologne...).
Il a des contacts amicaux avec de nombreux responsables de la CGT-FO, dont des militants anarchistes, tels Suzy Chevet et Maurice Joyeux.
Notre invité Gérard da Silva, historien du mouvement social, a récemment publié le livre Raymond Patoux - Mémoires d'un syndicaliste libre et libertaire, que celui-ci avait rédigé de 2003 à 2008.