18 septembre 2023 Tranches de vie

Notre invité, Pierre Gouletquer, est un archéologue préhistorien « iconoclaste » : « Ma carrière a été le reflet de ma personnalité, de ma passion pour le dessin et pour l’écriture, de mon inquiétude de militant humanitaire, de médiateur de nos connaissances, de conteur, de fils d’ouvriers égaré dans la classe moyenne ».
Lors d’une intervention récente, il est présenté sous de multiples facettes : géologue, ethnographe, artiste, poète, conteur, marcheur, prospecteur bigouden, vulgarisateur…, les yeux rieurs protégés par un chapeau.
Afin de sortir du ghetto de l’université et de participer à l’éducation populaire, il a longtemps organisé des sorties sur le terrain, notamment avec des enfants. La question de Ronan, 10 ans, « Pourquoi les hommes préhistoriques se sont installés là ? », l’a orienté vers la nécessité de tenter de reconstituer et de comprendre les activités des humains ayant produit les objets découverts ; c’est ce qu’il a pratiqué dans ses recherches en Bretagne et ses nombreuses missions au Niger.
Mais l’État contrôle de plus en plus l’action comme les publications des archéologues et une uberisation de la profession se met en place. Parmi les nouvelles générations, la résistance s’organise, en particulier dans les GAEL (Groupe Archéologie En Lutte). Gwénolé Kerdivel, présent dans le studio, regrette que « l’archéologie moderne évolue vers la scientificité et le rationalisme en passant par la normalisation bureaucratique ». Découvrant Préhistoire du futur de Pierre Gouletquer, il décide avec un autre archéologue, Sébastien Plutniak, de le rééditer : « Ce livre m’a encouragé dans ce qu’a été pour moi l’archéologie, c’est-à-dire un travail de passion pour passionnés et un bel exercice d’éducation populaire ».