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    Emissions des dernières semaines :

    04 décembre 2023 Anarchie et anarchistes

    Lorsqu'on évoque l'anarchisme en Suisse, ceux qui ont quelques connaissances en histoire sociale pensent à Saint-Imier, petite ville horlogère du Jura bernois où se sont réunis mi-septembre 1872 à l'invitation de la Fédération jurassienne diverses fédérations de la 1ère Internationale (AIT), pour fonder l'Internationale anti-autoritaire. N'acceptant plus le fonctionnement centraliste et le parlementarisme du Conseil général de Londres, la grande majorité de l'AIT va ainsi continuer sur des bases de fonctionnement fédéraliste et sur l'anti-étatisme, orientations présentées dans les revendications de ce Congrès.
    Certains se souviennent sans doute des rencontres internationales où des milliers d'anarchistes venant de diverses régions du monde se sont retrouvés à Saint-Imier en 2012 pour une semaine, à l'occasion des cent quarante ans de cet événement essentiel pour la branche libertaire du mouvement ouvrier.
    Mais le développement du mouvement anarchiste en Suisse romande pendant ces dizaines d'années est très peu connu ; il compte notamment des militants importants tels Louis Bertoni, auteur et éditeur du journal Réveil anarchiste et André Bösiger qui anima une fédération anarcho-syndicaliste dans le secteur du bâtiment.
    Notre invité, Ivar Petterson, a bien connu ce dernier et participe depuis longtemps aux initiatives et réalisations du mouvement anarchiste en Suisse romande, notamment la Fédération socialiste libertaire en 1968 ou plus récemment l'Organisation socialiste libertaire. Il s'est investi dans diverses associations dont il est à l'origine, parmi lesquelles une coordination de divers quartiers à Genève animée par le squatt du Prieuré ainsi que « Solidarité Bosnie » qui organise chaque année une « Marche internationale pour la Paix », d'abord en Suisse puis en Bosnie. Tout récemment il projette une association afin de dénoncer et s'opposer à l'intention de l'OMS d'imposer toute une série de mesures liberticides à la population mondiale en cas de nouvelle pandémie
    Actuellement il participe à la mise en place d'une coordination des anarchistes de Suisse romande, d'autant plus nécessaire qu'un courant anti-organisationnel n'hésite pas à utiliser des méthodes autoritaires pour en empêcher la réalisation.

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    27 novembre 2023 Terre et radioactivité

    Malgré la récente décision du Parlement européen de classer en « énergie verte » le nucléaire, la relance par le discours macronien du « nouveau nucléaire » se heurte aux dures réalités :
    L'EPR n'en finit pas d'accumuler les problèmes de fabrication, voire de conception, aussi bien à Flamanville, qu'en Finlande, en Chine ou en Angleterre.
    Les petits réacteurs modulaires SMS, s'ils voient le jour, produiraient une électricité ruineuse : devant cette perspective la société américaine NuScale Power vient de renoncer à son projet.
    De toute façon, ces annonces médiatiques n'expliquent pas comment trouver les énormes ressources humaines et financières nécessaires pour une telle relance.

    Le nucléaire actuel accumule d'énormes difficultés (catastrophes, incidents se multipliant avec le vieillissement, perte de compétences) qui n'avaient pas été anticipées lorsque le président Eisenhower, dans son discours Atoms for peace avait lancé en décembre 1953 l'industrialisation à marche forcée de l'électricité nucléaire. Un rapport de physiciens américains estimait alors à 20 ans les études préalables nécessaires dans les domaines de la sûreté, du rendement et du coût.
    Les réacteurs dans le monde (LWR), y compris le « nouveau nucléaire », sont issus de leur ancêtre né 70 ans plus tôt, le moteur du sous-marin nucléaire Nautilus, Le physicien américain Mark Lidsky en concluait : « Le LWR n'est pas mieux adapté à nos besoins d'énergie nucléaire que ne l'était le dirigeable Hinderburg aux transports aériens ».

    Notre invité, Harry Bernas, qui a participé à des travaux sur les sciences nucléaires et des études sur les matériaux irradiés, a d'abord milité contre la bombe nucléaire puis s'est intéressé à l'histoire du nucléaire après Tchernobyl. Il a publié en 2022 L'île au bonheur - Hommes, atomes et cécité volontaire autour du désastre de Fukushima, et tout récemment Les merveilleux nuages - Que faire du nucléaire ?
    Pour dissiper les nuages de radioactivité et les nuages de paroles qui nous entourent, il propose des solutions qui doivent se situer dans le cadre plus large d'une réflexion collective sur nos besoins réels en énergie et la nécessité d'un changement social pour en finir avec un système de domination usé qui ne sert que les possédants.

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    20 novembre 2023 Luttes sociales

    « Un esprit libre, une pensée libertaire et un homme profondément humaniste » : Raymond Patoux est ainsi décrit par sa fille Séverine.
    Né à Angers en 1913, il entre dans la vie active dès l'âge de 12 ans. Jeune militant au Parti socialiste, il le quitte rapidement quand le gouvernement Blum refuse d'aider la révolution espagnole au nom de la non-intervention. Pendant l'occupation, il entre dans la Résistance où il est très actif, notamment dans le réseau Libération Nord. En août 1944, il devient secrétaire provisoire de l'Union départementale de la CGT Maine-et-Loire. Il est de ceux qui s'opposent à la tentative de main-mise stalinienne sur la Confédération, ce qui lui vaudra d'être régulièrement attaqué, parfois avec haine. Il s'appuie sur la Charte d'Amiens (1906), référence du syndicalisme révolutionnaire auquel il restera fidèle au cours des 46 ans de sa vie de militant syndicaliste.
    La coexistence avec les communistes, qui ont comme mot d'ordre « Travailler - Produire » et affirment que « la grève est l'arme des trusts », devient vite impossible. La scission devient effective le 19 décembre 1947 et conduit à la création de la CGT-Force Ouvrière en avril 1948, regroupant partisans du syndicaliste réformiste et syndicalistes révolutionnaires.
    Sa fiche dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier (Le Maitron) présente ses multiples activités pour aider au développement de cette nouvelle organisation syndicale, d'abord dans le Maine-et-Loire, puis en région parisienne, en Seine-Maritime, dans le Loiret. Ses dernières responsabilités dans ce département sont celles de l'Union des retraités en 1990. Il décède en novembre 2011, à l'âge de 98 ans.
    Ses investissements militants dans ces diverses Unions départementales interprofessionnelles étaient de tous ordres : soutien aux grèves et occupations, création de sections syndicales et de syndicats professionnels, mais aussi initiatives d'association directe producteurs-consommateurs, aide à la construction de logements sociaux, solidarité internationale (Espagne, Algérie, Pologne...).
    Il a des contacts amicaux avec de nombreux responsables de la CGT-FO, dont des militants anarchistes, tels Suzy Chevet et Maurice Joyeux.
    Notre invité Gérard da Silva, historien du mouvement social, a récemment publié le livre Raymond Patoux - Mémoires d'un syndicaliste libre et libertaire, que celui-ci avait rédigé de 2003 à 2008.

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