En septembre dernier, les éditions Des Presses du Réel mettaient en librairie Élisée Reclus, les 101 mots, un abécédaire conçu à partir, avec ou au prétexte de la pensée et du travail du géographe et anarchiste Élisée Reclus. Ce lundi 20 janvier, Trous Noirs reçoit les quatre coordinateurs de l’ouvrage, Pauline Couteau (Philosophe), Federico Ferretti, Philippe Pelletier (tous deux géographes), et Nicolas Eprendre (réalisateur).
Les plus avisés noteront que Nicolas est aussi un des animateurs de Trous Noirs avec Serge et Monique. Alors conflit d’intérêt et copinage sur Radio Libertaire. En fait oui, et sans fausse honte.
Parce que Trous Noirs m’a invité à faire la connaissance des studios de Radio Libertaire pour parler du film que j’ai consacré à Élisée Reclus en 2012. Et que cette première invitation a marqué le début de ma présence à Radio Libertaire.
Parce que Pauline Couteau, Federico Ferretti et Philippe Pelletier sont des amis et que nous sommes toujours heureux de les recevoir et de les entendre.
Et enfin si cela ne suffisait pas encore, parce que partager notre passion pour Reclus est une raison suffisante.
Élisée Reclus, les 101 mots est le fruit d’un travail de plus de trois années. 101 notices, en manière de jeu pour lesquelles nous avons convié plus de cinquante auteurs et autrices. Ils ou elles sont géographes, historiens, philosophes, sociologues, illustrateurs, architectes, biologistes… Français, italiens, espagnols, brésiliens, anglais, suisses.
Dans cette émission enregistrée le 13 décembre dernier, nous aborderons l’origine de ce travail, la manière dont nous l’avons conçu, tout en revenant sur les dates clés de l’existence d’Élisée Reclus. Cet abécédaire nous a permis de mobiliser des plumes critiques refusant le conformisme comme l’hagiographie. Les 101 feuilles de cet arbre reclusien font le point sur des sujets d’actualité, comme la science, le milieu, le genre, la violence, le peuple, la révolution… et offrent des perspectives inattendues, Saint-Simon, Spinoza, cosmos, race, tourisme… promesses de découvertes futures.
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La fabrique du progrès - Scientisme, système technicien et capitalisme vert de notre invité, Arthur Guerber, correspond à un long travail qu'il a réalisé pour analyser le rôle des sciences dans l'évolution de nos sociétés. Il souhaite contribuer à "éveiller notre sens critique face au discours dominant".
Il remet en cause une certaine vision du progrès, liée à une philosophie linéaire et finaliste de l'Histoire, dont le marxisme s'est nourri pour tenter d'imposer sa vision du "socialisme scientifique".
Aujourd'hui le capitalisme occidental, vantant les bienfaits miraculeux de la technologie, substitue à la foi religieuse vieillissante une foi scientifique "moderne" : le scientisme.
Le sujet de cet ouvrage est d'une actualité que chacun peut constater, dans laquelle s'accélère chaque jour la dérive technocratique du pouvoir. Ainsi, pour Arthur Guerber, le déploiement effréné des technologies numériques par les industriels et l'État "constitue la plus grande menace sur les libertés".
Dans une première émission, il avait échangé avec nous sur le développement du capitalisme vert, la naturalisation des problèmes sociaux et la culpabilisation du consommateur afin de lui faire accepter une gouvernance environnementale globale.
Il revient dans notre studio pour analyser l'histoire des sciences et leurs limites ainsi que la façon dont s'est installée le mythe d'une technologie progressiste, au service d'une synergie entre capitalisme et science.
"Voulons-nous d'un monde produit par l'algorithmisation de nos vies ?"
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06 janvier 2025 Luttes sociales
Nouméa : Hamid Mokaddem a participé au barrage filtrant installé par les habitants du quartier de Petite normandie pendant les journées d'affrontements et de révolte de la jeunesse face au mépris et à la violence coloniale. Il retrace la vie quotidienne sur cette base-vie, ses discussions, ses rencontres, ses analyses à chaud dans le récent ouvrage Chroniques de Kanaky (Nouvelle-Calédonie) 13 mai - 10 juillet 2024.
Il explique comment des "milliers de jeunes de 15 à 26 ans ont sillonné les quartiers échappant au contrôle des services d’ordre, aux bureaucraties des partis politiques, des comités et relais de ces partis" et pourquoi "Ce mouvement n’est pas une émeute. C’est une révolte qui pourrait être en passe de devenir une révolution".
Il cite la Lettre ouverte au peuple de France - Pour une solidarité entre nos peuples de l'écrivain kanak Waixen Wayewoll :
"La Kanaky est une terre annexée par l’Etat colonial français depuis 1853. Il y a un peuple premier qui était déjà là, de la civilisation du Lapita depuis plus de 3000 ans. Il s’est socialement organisé dans le pays avec ses clans, ses institutions et ses règles coutumières. Une civilisation de l’oralité où les savoirs et connaissances se transmettent de génération en génération. C’est aussi un peuple d’eau et de la terre.
Le peuple kanak est un peuple de résilience, de résistance, de non-violence. Il se bat pour son droit, contre un système d’oppression et non contre le peuple de France.
Nos enfants ont bien compris qu’on les pousse par ce genre de provocation pour justifier une militarisation à outrance, une répression meurtrière et une pacification par la force des armes."
Pour comprendre la situation, il est nécessaire de mieux comprendre la culture kanak et de rappeler ce qui a amené l'impasse actuelle, depuis les débuts de la colonisation, la récupération de terres coutumières, les ghettos des réserves autochtones, le code de l'indigénat. Jusqu'à aujourd'hui de nombreuses révoltes kanak ont été sauvagement réprimées et les espoirs des accords de Nouméa en 1998 ont été déçus.
Sur tous ces sujets nous échangeons avec Hamid Mokaddem et Charles Illouz, ethnologue et anthropologue, qui connaît très bien la culture de ce peuple.
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30 décembre 2024 Anarchie et anarchistes
Rediffusion de l’émission du 1er juillet 2024.
À l’occasion du centenaire de la naissance de Michel Ragon (décédé en 2020), la revue Fragments et le Cercle culturel de littérature ouvrière, paysanne et sociale ont organisé un colloque intitulé Michel Ragon – la littérature prolétarienne, l’anarchisme, l’architecture les 8 et 9 juin derniers.
Tous les enregistrements sont disponibles sur le site de Radio Libertaire (ˮÉvénements spéciauxˮ). Mais pour que ceux de nos auditeurs n’utilisant pas internet n’en perdent pas tout, Trous Noirs vous propose aujourd’hui un montage composé des interventions de :
• Raphaël Romnée (Postier retraité, syndicaliste) : Michel Ragon et mai 68,
• Abbi Patrix (Conteur) : sketchs à partir du livre Drôles de métiers,
• Christophe Carassou (Comédien) : lecture théâtralisée d'extraits de La Mémoire des vaincus.
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