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    Emissions des dernières semaines :

    10 février 2025 Luttes sociales

    En juillet 1936, après la tentative de putsch militaire en Espagne, le militant anarchiste Martín Milar répondait à la question ”De quoi avez-vous le plus besoin ?” : ”D’armes ! De mitrailleuses, de canons, de chars, d’avions, de munitions, de télémètres, de radiogoniomètres”.
    Alors que Franco est soutenu par l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste, la France et l’Angleterre mettent en place une politique européenne de ”non-intervention”, visant à interdire l’envoi d’hommes et de matériel de guerre pour soutenir la République espagnole.
    De son côté, le récit mémoriel communiste, largement repris par l’historiographie, met essentiellement en avant les armes provenant d’URSS et traite avec mépris l’”inefficacité” des fournitures passant par divers circuits de contrebande liés notamment à la solidarité internationale anarchiste.

    Notre invité, l’historien Pierre Salmon, a publié Un antifascisme de combat - Armer l’Espagne révolutionnaire paru aux Éditions du Détour.
    Travaillant sur diverses archives notamment liées à la surveillance policière et militaire, il décrit les nombreuses initiatives de contrebande d’armes.
    Ainsi en France le Comité pour l’Espagne libre (CEL), qui deviendra la branche française de la Solidarité internationale antifasciste (SIA) en mai 1937, est créé par Louis Lecoin de l’Union anarchiste (UA). À Perpignan, le ”Comité du Continal Bar” est animé par Maurice Jacquier de la Gauche révolutionnaire (GR), courant pivertiste de la SFIO.
    Le renforcement du pouvoir étatique, l’intégration progressive des milices dans l’Armée Populaire conduisent à une opposition entre révolution et contre-révolution, débouchant sur de sanglants affrontements armés avec les staliniens lors des journées de mai 1937 puis sur la venue au pouvoir de Juan Negrin, socialiste en accord avec les communistes pour privilégier la guerre à la révolution sociale. En août 1937, le communiste Enrique Lister, à la tête d’un corps d’armée, détruit les collectivités libertaires de Catalogne et d’Aragon.
    Plus tard, la défaite militaire puis la ”Retirada” à partir du début de 1939 font connaître aux républicains l’”accueil” de la France dans des ”camps de concentration”.

    À la fin de son livre, Pierre Salmon reprend les paroles datant de 1956 de Charles Ridel, ancien de la colonne Durruti :
    ”La preuve nous a été donnée d’une vie collective possible, sans dieu ni maître. Pourquoi cet exemple ne serait-il valable que pour les heures de haute tension ? Pourquoi le destin ne se forgerait-il pas chaque jour ?”

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    03 février 2025 Liberthèmes

    ”Refuser de prêter ma voix pour justifier la guerre excepté celle de tous les peuples contre leurs despotes et exploiteurs - la Révolution Sociale”, écrit Emma Goldman en mars 1917 dans le mensuel anarchiste Mother Earth.
    Un siècle plus tard, des collectifs de femmes russes réagissent à l’invasion de l’Ukraine : ”Nous sommes l’opposition à la guerre, au patriarcat, à l’autoritarisme et au militarisme”.
    Ces textes figurent dans le livre publié récemment aux Éditions du Monde Libertaire, La guerre contre les femmes - Les femmes contre la guerre d’Hélène Hernandez.
    Beaucoup d’autres sont issus d’articles du Monde Libertaire, du périodique Casse-rôles ou de l’émission hebdomadaire Femmes libres sur Radio Libertaire.

    L’actualité médiatique centrée sur Gaza et l’Ukraine ne doit pas faire oublier les dizaines d’autres guerres, au cœur desquelles les population civiles, dont les femmes, sont victimes. Elles luttent et résistent contre gouvernements, talibans, mollahs, fous de pouvoir et fous de Dieu qui arrêtent, emprisonnent, violent, torturent, assassinent, esclavagisent.
    Le Rojava au Kurdistan, le mouvement ”Femme Vie Liberté” en Iran, sont évoqués dans ce livre, mais aussi bien d’autres régions du monde.
    Le dernier texte est intitulé ”Sonder les ténèbres qui font d’un bébé un assassin”, phrase de la femme d’un journaliste arménien assassiné en Turquie, pays ultra-militariste où la violence quotidienne est entretenue par le dressage, la dépersonnalisation des jeunes recrues.

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    27 janvier 2025 Liberthèmes

    Les innovations technologiques sont financées par l’État afin de renforcer son pouvoir régalien. Ainsi la police a à sa disposition de nouveaux moyens, menaces pour nos libertés : vidéosurveillance algorithmique (VSA), reconnaissance faciale, drones, logiciels prédictifs.
    Après la ”Smart city”, de nombreuses collectivités locales investissent dans la ”Safe city”.

    Les révélations d’Edgar Snowden sur les programmes de surveillance américains et britanniques avaient amené en 2018 l’Union Européenne à adopter le règlement général sur la protection des données (RGPD) et, pour la France, la loi relative à la protection des données personnelles, prolongement de la loi ”Informatique et Libertés” de 1978 et de la création de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) la même année.
    Mais ces garde-fous se révèlent de plus en plus franchissables par la stratégie des petits-pas et l’accumulation de dispositifs dérogatoires adoptés au nom de la sécurité publique, tels ceux des Jeux Olympiques. Un autre argument des décideurs est de ne pas contrarier la mise sur le marché d’innovations, ce qui risquerait de marquer notre retard en ce domaine. La CNIL se révèle ainsi totalement impuissante face à la surveillance d’État.

    Déjà reçu le 10 février 2020 pour L’Utopie déchue. Une contre-histoire d’Internet, Félix Treguer nous parle de son récent ouvrage Technopolice - La surveillance policière à l’ère de l’Intelligence Artificielle. Il nous alerte sur le fait que ”dopée par la puissance de l’informatique, la Technopolice tend à se faire totalitaire. L’action collective demeure la meilleure manière de se donner prise et d’éprouver notre puissance commune”.

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